Les songes se perdent dans la masse feuillue. La forêt étonne, fascine, absorbe les tentatives de raisonnement. Ici, je n’arrive pas à poser les bonnes questions, et les réponses s’en perdent par-delà les canopées.

L’irréelle lueur de la vapeur de sodium, l’incessant tourbillon des enfants qui jouent, l’omniprésence de la végétation luxuriante : tout cela n’invite qu’à s’y perdre et efface le lendemain.


Tout ce que la ville planifie trouve ici sa solution évidente.


Détonation brûlante, craquement sinistre du bois humide.

Le feu court le long du câble électrique. L’onde de choc déchire les épaisses feuilles de bananier. Il ne faut que quelques minutes à l’incendie pour emporter le bois imbibé d’essence.


L’incendie est éteint. Le calme est revenu.

Un léger vent soulève les cendres comme autant de souvenirs au ciel.


Le soleil se couche au-delà des nuages. Dans la douce chaleur de la fin de journée, la quiétude paraît totale. Nous partageons le spectacle de ces gens qui luttent, heureux mélange de couleurs, de techniques, et d’accoutrements. Dans une partie endiablée où règles et limites s’effacent, naît une profonde harmonie des gens et des choses.


Les fins motifs martelés de sa boucle d’oreille coulent le long de sa joue.

La douce lueur du métal se détache élégamment de sa peau mate.

Le bleu profond du pendentif embrasse sa chevelure sombre, et les douces marbrures de la pierre résonnent de concert.


Dans la quiétude d’un ciel sans étoile, la silhouette du tertre s’illumine au rythme des éclairs sporadiques. La végétation luxuriante renvoie la pâle lueur des arcs électriques.

La montagne vibre d’une énergie nouvelle. L’odeur âcre du métal en fusion se mélange à celle de l’herbe humide. Dans l’obscurité, les salves de lumière la grandissent encore.

À sa base, quelques ombres s’agitent, enveloppées par les volutes de fumée qui se perdent dans l’atmosphère ionisée.


Comme j’aimerais retranscrire par l’image la saveur de cette soirée si singulière. Ici règne une rusticité que ni l’électricité, ni le pétrole ne parviennent à dissimuler.

Un couple, debout sur les rochers, fait face à la mer. Les dernières braises d’un feu se meurent, languissantes, dans l’océan de sable frais.

J’écris adossé à une barque de pêcheur ; l’odeur du poisson frais et celle du bois humide se confondent.

De l’humidité ambiante naissent des fantômes, errants dans le halo des luminaires - ou est-ce la fumée du feu ?

Le sable humide devient un miroir imparfait, surface métallique parcourue de fils de lumière. Au loin, la ville éclaire le ciel, les nuages sont bas.

C’est l’étale basse mer, le sable plonge sous l’eau, dans l’obscurité, en silence.


La mer abat ses vagues en longs rouleaux continus. Il semble qu’elle batte sur tout le rivage simultanément, onde immuable et lascive parcourant la masse noire des abysses.

C’est la dernière chose certaine en ces lieux ; son mouvement impassible absorbe et tue.


C’est un ciel chargé de nuages qui éclaire sa peau ambrée. La lumière est forte, diffuse ; elle filtre de tous côtés au travers des bardeaux ajourés.

La cascade de ses cheveux d’ébène semble gelée. C’est dans un mouvement immobile qu’elle coule le long de son dos nu.

Iel reste assise un moment ainsi, alors que la beauté de ses courbes résonne dans le grain de sa peau.